Novak Djokovic a adopté, depuis 2011 un régime sans gluten auquel il attribue aujourd’hui ses brillants résultats, et sa concentration sans faille. Simple effet placebo ?
NO BREAD, NO PAIN !
Un virage brutal est survenu dans la vie du joueur serbe en 2011, qu’il racontera deux ans plus tard dans son best-seller « Service Gagnant ». C’est à l’issue d’un match cauchemardesque de trop qu’il s’est enfin résolu à suivre le conseil maintes fois répété par l’un de ses compatriotes, le Dr Itor Cetojevic. L’homme n’a rien d’un charlatan, et ce sont les brusques pannes de courant du joueur qui l’ont mis sur la piste d’une authentique maladie coeliaque. Cette maladie, découverte il y a plus de 2000 ans mais comprise depuis moins d’un demi-siècle, met en jeu une réponse immunitaire dirigée à la fois contre la gliadine, qui est l’une des protéines constitutives du blé, qu’on désigne de manière globale par « gluten » et contre la paroi de la muqueuse intestinale (voir l’encadré1. ). Que se passait-il vraiment ? Au cours de ce match, disputé contre le Français JW Tsonga, le joueur se délite sous les yeux d’un public médusé : Sans force, l’esprit embrumé comme au lendemain d’une cuite, en proie à d’insupportables maux d’estomac, victime de vertiges et de problèmes respiratoires au quatrième set, Djokovic a complètement lâché prise pour finalement s’incliner en cinq manches. «Mon corps était brisé. Heureusement, la fin est très vite arrivée, comme une exécution», lâche-t-il en forme de confession dans cet ouvrage. On connaît la suite de l’histoire, l’arrêt des pâtes, des pizzas, et la montée en puissance d’un joueur désormais infaillible dans le registre de la concentration et de la force mentale.
Une telle évolution, sur le plan cognitif, est spectaculaire, et l’attribuer à la simple éviction d’une catégorie d’aliments plutôt considérés comme générateurs de troubles digestifs, mais aussi vantés pour leur intérêt énergétique, peut semble un peu rapide et abusif, voire fallacieux pour tous ceux qui se souviennent, à une autre époque, du régime du Dr Haas, popularisé par Martina Navratilova, et qui nécessitait indéniablement d’être sponsorisé par Buitoni pour ne pas se ruiner en budget spaghettis. Les temps ont bien changé en trente ans ! Pourtant, de nombreuses études se sont amoncelées, ces dernières années, pour rendre un peu plus crédible cette relation complexe qui peut unir certains composants de notre assiette et les troubles cognitifs ou comportementaux. Pour comprendre ce lien subtil, il convient de considérer deux éléments essentiels. D’une part, au-delà de sa valeur nutritionnelle, tout aliment possède des potentialités toxiques et immunitaires. C’est clairement sous cet angle qu’on doit aborder l’intérêt du « gluten free ». D’autre part, un maillon essentiel sert de relais entre le gluten (ou la caséine) et les fonctions cérébrales : c’est l’écosystème intestinal. Suite de l’article